Accompagner un proche en fin de vie : sortir du “faire” et entrer dans “l’être”.

Dans l’accompagnement d’une personne de notre entourage qui traverse le passage délicat que l’on nomme “fin de vie”, il peut y avoir un espace très particulier qui se nomme le Silence.

Lorsqu’il est vécu de plein accord par les deux personnes qui sont en présence l’une avec l’autre, le Silence peut-être d’une richesse inouïe.

Car il s’agit ici de communiquer de Cœur à Cœur. Et d’entrer en relation par le regard, par deux mains qui se touchent, s’étreignent.

De l’importance du silence

En effet, il se peut que par moments, les mots ne suffisent plus, ou sont difficiles à prononcer.

Il se peut aussi que tout ait été dit, et que la présence silencieuse arrive un peu comme une ouverture à Soi et à l’Autre encore plus grande.

Parler avec l’autre permet de communiquer.

Etre en silence avec l’autre permet de communier. Pas au sens religieux du terme, mais au sens de l’expression affective, l’expression du sentiment.

Nous n’avons pas l’habitude, surtout dans la société occidentale, de partager un espace habité par le silence. Le silence peut nous sembler gênant, incongru, déplacé, inconfortable.

Alors que souvent, les personnes en fin de vie le demandent, parfois à demi- mots :

“Je voudrais juste que tu sois là, tout près de moi.

“Reste là.”

Accompagner un proche en fin de vie

Lorsque nous essayons de meubler le silence, par des mots parfois hésitants, maladroits, elles ferment les yeux. Nous pensons alors les fatiguer, ou les déranger. Et nous amorçons une sortie de leur chambre ou de la pièce où elles se trouvent.

Parfois, à cet instant, la personne ouvre les yeux, et dit :

“S’il te plait, ne t’en va pas”.

Rester ainsi sans parler peut nous paraitre inutile. Nous pouvons nous sentir impuissants, car nous sortons alors de la posture du FAIRE.

Or, la personne qui peut être notre conjoint, notre frère, notre sœur, notre ami, nous propose d’entrer dans la posture d’ETRE.

Juste cela : ETRE. Ne rien faire, ne rien dire, juste ETRE.

Nous voici alors perdu, sans mode d’emploi, empêtré dans nos gestes, nos mains dont nous ne savons que faire, notre regard qui rencontre de façon si fugitive celui de l’autre, cette personne que nous aimons, pourtant.

Cette personne qui est sur le pas de la porte, la porte de l’autre rive.

C’est ICI que la Grâce peut surgir : dans l’échange d’un regard sans ciller, un regard plein et vrai, un regard où nous pouvons faire passer tout l’amour que nous ressentons.

Les mots n’ont ici plus de raison d’être car leur enveloppe s’efface pour laisser la place à l’énergie du Cœur.

Nous pouvons alors offrir ce don si simple, dans cet échange de regards, nous pouvons nous abandonner : un abandon délesté de toute volonté, un abandon où nous nous autorisons à ETRE. Avec Soi et avec l’Autre.

Cet Autre que nous aimons. Et qui nous offre un instant suspendu de Vérité.

Dans cet espace de partage si particulier, la VIE est plus que jamais présente.

À propos de l’auteure

Valérie CapelleValérie Capelle est orthophoniste à Bordeaux. Forte de sa formation en soins palliatifs, elle s’est spécialisée dans l’accompagnement en fin de vie. Sept jours pour vivre est son premier roman.

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Sept jours pour vivre

« Tu vois, Antoine, là y’a deux coquelicots qui se touchent. Ils se prennent dans les bras pour danser… »
Que feriez-vous si vous appreniez qu’il ne vous reste que quelques jours à vivre, et si une inconnue vous invitait dans sa maison de campagne pour vous apprendre à respirer ? Antoine, lui, ne réfléchit pas longtemps. Après avoir prévenu son associé, il quitte tout pour rejoindre Andernos, dans le sud-ouest de la France, avec ses peurs et son avenir en suspens.
Rythmé par l’improvisation quotidienne et porté par le regard écarquillé d’un petit garçon devant un champ de coquelicots, c’est à vous, finalement, que ce livre posera la plus grande question… Et si vous n’attendiez pas l’irréversible pour commencer à vivre ?
Un roman généreux et authentique, un outil puissant d’accompagnement.