Dans le milieu du développement personnel, on entend parfois que l’individu est responsable de tout ce qui lui arrive. Mais que signifie ce tout ?
De façon évidente, chacun de nous est responsable de ses actes et de ses paroles : nous devons en répondre à tout instant devant les autres. De même, nous devons assumer la responsabilité de nos pensées. En effet, personne ne nous impose des pensées de l’extérieur (mis à part le cas de certains troubles psychiques, telle que la schizophrénie). Nous sommes les seuls à choisir les contenus mentaux que nous alimentons, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Enfin, grâce aux travaux réalisés dans le domaine de l’intelligence émotionnelle, on sait aujourd’hui que les émotions et les sentiments sont déterminés par les pensées. Ce ne sont pas les événements, mais bien l’interprétation que nous en faisons qui dictent nos ressentis. Une même situation peut être vécue avec colère un jour, et tristesse le lendemain ! Nous devons donc en conclure que nous sommes aussi responsables de nos émotions.
“Être responsable, c’est être libre”
Ainsi, nous sommes responsables de nos actes, de nos paroles, de nos pensées et de nos ressentis. En d’autres termes, nous sommes responsables de notre bien-être ou de notre mal-être, comme le confirment d’ailleurs les études menées par les psychologues sur le bonheur. Même dans le cas d’abus et de traumatisme ? Oui, si l’on se réfère aux capacités de résilience (c’est-à-dire de rebondir suite à de graves difficultés) de l’être humain attestées dans de multiples témoignages. Nous ne sommes pas responsables de ce que l’on a fait de nous, mais nous sommes responsables de ce que nous faisons de ce que l’on a fait de nous !
Responsable oui ! victime non !
Croire que nous ne sommes pas responsables de notre bien-être ou de notre mal-être nous oblige à transférer cette responsabilité à d’autres. Mais renoncer à nos responsabilités, c’est également renoncer à notre liberté. En clair, c’est se comporter en victime : « ce n’est pas ma faute ! ». Mais si ce n’est pas notre faute, c’est obligatoirement celle de quelqu’un d’autre. Le problème, c’est qu’en abdiquant notre pouvoir d’action, nous perdons notre capacité à améliorer notre bien-être.
Celui qui renonce à assumer les responsabilités de ses actes, paroles, pensées et émotions se positionne en victime. Mais en contrepartie, quelqu’un d’autre doit les assumer à sa place : « c’est de ta faute si je suis malheureux, en colère ou triste ! ». Ces paroles sont culpabilisantes pour celui qui les reçoit. Voilà le destin de celui qui prend sur ses épaules les responsabilités d’autrui : il se sentira coupable lorsque les choses tourneront mal. De façon générale, assumer des responsabilités qui dépassent le cadre de nos actes, pensées et émotions nous expose à de la culpabilité malsaine : coupable de la maladie génétique qui nous frappe, coupable de la faillite de l’entreprise qui nous emploie, coupable du malheur des parents âgés que l’on place en institution, etc.
Il en va du juste équilibre des responsabilités comme de la vérité dans un tribunal : nous sommes appelés à assumer toutes nos responsabilités, mais rien que nos responsabilités. N’en assumer pas assez, c’est se comporter en victime et perdre sa liberté, en assumer trop, c’est s’exposer à des sentiments de culpabilités aussi pénibles qu’envahissants. C’est d’ailleurs cette prise de conscience qui constitue la voie royale pour se libérer de cette culpabilité.
L’auteur
Après un doctorat en physique des particules, Yves-Alexandre Thalmann s’est (dés)orienté vers les domaines de la psychologie et du développement personnel. Il exerce actuellement en Suisse Romande comme formateur en communication interpersonnelle et intelligence émotionnelle. Il est l’auteur de :Mieux communiquer, ça vous dit ? Vos émotions : amies ou ennemies ? Tous des manipulateurs ? (Editions de l’Hèbe, 2003)”Au diable la culpabilité ! Cessez de vous culpabiliser et retrouvez votre liberté intérieure”
Site Internet : www.yathalmann.ch