La boule à Zéro

L’une va perdre ses cheveux à cause d’un traitement contre le cancer, et l’autre se raser délibérément la tête par solidarité… C’est l’histoire que j’ai découvert il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux. Et pour ceux qui n’ont pas vu l’info, vous n’aurez pas à chercher loin, car la jeune blogueuse auteure de l’article et protagoniste principale du sujet a défrayé la chronique. Quel intérêt d’en parler à mon tour me direz-vous ? Eh bien, parce que ça m’a interpelé. Parce que les avis donnés sur la webosphère sont aussi divers que tranchés. Et vas-y que ça juge, que ça se permet de critiquer, dans le non-respect le plus total, et que d’un geste fait d’une jeune fille pour soutenir sa belle-soeur, on en vient à la théorie du complot. Et parce que ça me rappelle une discussion il y a presque 3 ans maintenant, entre une mère et sa fille. La mère, c’était la mienne. Celle qui avait perdu ses cheveux, c’était moi. Alors se raser la tête par solidarité, pour ou contre ?

Mon expérience

Pour moi, c’était clair : il était hors de question que quelqu’un de mon entourage fasse cela. Pourquoi ? Parce que moi, je ne me « voyais » pas tout au long de la journée. Que je finirais par oublier que je n’avais pas de cheveux. Que j’allais m’habituer à porter des foulards. Qu’au final, je n’y penserais pas sans arrêt. Mais si ma maman, qui était une de mes personnes ressource, qui venait chez moi chaque jour, parfois plusieurs fois par jour, me renvoyait l’image de la malade que j’étais, comment en faire abstraction ? Si j’arrivais à oublier ma boule de bowling luisante et que je croisais celle de ma mère, à votre avis, qu’est-ce que ça allait m’évoquer ?

Mon choix ? C’était de me dire que le cancer ne me représentait pas, que la chimio qui allait me soigner avait certes des effets secondaires assez impressionnant, mais que c’était transitoire. Et je voulais surtout que tout continue de tourner normalement autour de moi. J’avais besoin de garder mes repères, mes habitudes, et ma maman avec des cheveux.

Et puis, je suis moi-même une maman. Une maman qui culpabilisait sans pour autant être coupable de la situation, de faire subir à ses 3 enfants si jeunes, le cancer et ses conséquences. Vous connaissez les livres de Martine ? « Martine à la plage », « Martine à la foire », « Martine petit rat de l’opéra »… Moi c’était « maman a des nausées », « maman est à l’hôpital », et « maman n’a pas de cheveux ». Ben oui, maman a un cancer. C’était déjà dur à encaisser pour elles. Alors si en plus on ajoutait la collection « Maminou se rase la tête mais ne vous en faites pas elle n’est pas malade elle fait semblant »… comment voulez-vous qu’elles s’y retrouvent ?

La boule à zéro

Se raser la tête par solidarité, pour ou contre ?

C’est vrai, mon avis était très tranché. Et si c’était à refaire, je ne changerais pas d’opinion. MAIS, et j’insiste vraiment sur ce fait : c’est MON histoire. Et je pense qu’à chaque situation ses choix, ses décisions, sa sensibilité, ses besoins… Quand je vois que cette petite jeune femme a rasé sa tête pour soutenir la femme de son frère, j’ai envie de lui dire : BRAVO ! Pourquoi ? Parce que c’est SON choix, et son histoire avec sa belle-soeur. C’est le moyen qu’elle a trouvé pour être proche d’elle à ce moment particulier de la vie. C’est ce qu’elle sentait, peut-être sa manière de lui dire « je t’aime à la vie à la mort et même dans la maladie » ce qui n’est pas si facile. Qui serais-je pour la juger ?

J’ai lu les commentaires des uns et des autres. Les plus virulents prétendaient que ce geste n’avait pour but que de faire le « buzz ». Et ils assassinaient de leurs phrases toutes faites l’initiative de la jeune femme. D’autres estimaient que ça n’avait aucun intérêt et que cela n’avait sans doute rien apporté à la malade. A l’inverse, des messages de félicitations, des petits mots amicaux, de personnes qui saluaient son courage. Et bien évidemment, des débats sans fin et complètement stériles entre défenseurs et détracteurs qui s’opposaient. Ce qui m’a choqué ? C’est la méchanceté avec laquelle les uns s’en prenaient aux autres. Je ne dis pas que les arguments avancés ne se tenaient pas. Mais quid du respect de chacun ?

Ma conclusion est la suivante. Je ne voudrais pas qu’on se rase la tête pour moi, mais si on me le demande, je serais prête à le faire dans la minute. Je suis bien placée pour savoir que ça repousse, et en plus après avoir vu que j’avais un joli crâne harmonieux, je n’en aurais pas peur. Je reste persuadée que chaque histoire est unique et que la manière de gérer la situation l’est tout autant. A mon sens il n’y a ni bonne ni mauvaise solution.

Je suis par contre absolument anti haine, méchanceté et jugement. Et je déplore la peine et le mal que cela peut engendrer.

Mais, et ça c’est l’aspect positif, ça aura eu le mérite de faire parler du sujet, ce qui me réjouit. Sujet qui est encore trop souvent tabou. Le cancer fait peur. Ses conséquences sont effrayantes. Grâce au geste de cette jeune femme, il a été relayé encore et encore. Et moi ? Ne vous en déplaise, je suis ravie d’en rajouter une petite couche.

 

 

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Étant passée par là, Estelle Lang quitte un moment sa blouse blanche pour vous aider à construire votre plan d’attaque contre le crabe. Elle vous guide, mais vous laisse agir via des espaces à remplir, car chaque parcours est différent. Elle vous tend la main, avec justesse, humour, émotion et espoir.

Non ! Vous n’êtes pas seule : plus qu’un témoin légitime, une vraie sœur de combat est là pour vous soutenir et vous coacher pas à pas.