Mon enfant veut être végétarien ! Que faire ?

Mon enfant veut être végétarien ! Que faire ? Bravo, vous avez sans doute éduqué un être sensible au monde qui l’entoure et aux autres espèces. Mais en tant que parents, les doutes et les craintes s’installent lorsque l’on parle de ce régime alimentaire si différent des normes. Être végétarien et être en bonne santé est possible pour un enfant ou un adolescent ! Cependant, quelques précautions sont à prendre.

Le végétarisme, c’est le fait de ne plus manger de viande (poisson compris, généralement). Aujourd’hui, on ne peut nier les dégâts écologiques causés par la consommation de viande, ni la façon honteuse dont nous traitons les animaux d’élevage. Face à cela, certain·e·s décident de réduire leur consommation, de devenir végétarien·ne·s, voire végétalien·ne·s. Dès que l’on prononce ces mots, beaucoup pensent aux carences : protéines et fer notamment. Pas de panique, on ne les trouve pas que dans les produits carnés. Chez les enfants, la santé est plus fragile et certains besoins sont accrus. L’attention à porter sur eux est donc d’autant plus haute.

S’assurer qu’elle/il fait ce choix pour les bonnes raisons

Les raisons de vouloir être végétarien·ne sont nombreuses. Usuellement, on les classe dans trois catégories :

1. pour sa santé
2. pour l’environnement
3. pour limiter la maltraitance animale

Les deux dernières catégories sont plutôt d’ordre éthique, et ce sont celles auxquelles les plus jeunes sont souvent le plus sensibles. Vouloir agir dans ce sens est une noble cause et il est, à mon sens, injuste de s’y opposer (lorsque cela n’entraîne pas de problèmes de santé). Cependant, encore fragiles à cet âge là, les enfants et adolescent·e·s peuvent vouloir suivre ce régime par mode ou sous influence (nous parlons là de régime alimentaire, pas de régime amincissant). Il est donc important de parler avec votre enfant des raisons réelles de cette volonté d’arrêter de manger de la viande et l’inviter à exprimer ses convictions. Les risques, si une personne s’impose ce mode de vie simplement pour suivre la tendance, est qu’elle frustre son corps et qu’elle devienne rapidement carencée car pas assez renseignée sur le sujet. De plus, il est essentiel de prêter attention aux troubles alimentaires qui pourraient survenir chez une personne fragile psychologiquement. Adopter un régime végétarien implique de se pencher sur la nutrition, la composition de son assiette, les nutriments… C’est une très bonne chose en soi. Mais cet intérêt ne doit pas mener à une obsession ni un besoin soudain de contrôle total et démesuré de son alimentation.

Comment couvrir les besoins des enfants et adolescents

Comme l’explique le Dr Franck Senninger dans son livre Guide santé de l’enfant végétarien, l’enfant (de plus de 2 ans) a des besoins qui peuvent varier de ceux des adultes.

1. Les glucides et lipides

Les besoins en glucides et lipides restent quasiment les mêmes à tout âge. De plus, ces deux macro-nutriments se trouvent facilement dans une alimentation végétarienne.

2. Les protéines

Les protéines, elles, sont au centre de toutes les craintes lorsque l’on arrête la viande. Rassurez-vous, c’est un mythe ! En réalité, seules les personnes en sous-nutrition en souffrent. Il ne faut cependant pas sous-estimer leur importance, notamment chez les enfants en pleine croissance. Ce qu’il faut noter, c’est que les protéines végétales sont moins bien assimilées que les protéines animales. Il faudra donc augmenter les ratios habituels* et en consommer un peu plus d’1 gramme par kilogramme de poids de corps (dose journalière recommandée). Mais avec une alimentation variée et, notamment, des produits à base de céréales et farines complètes, souffrir d’un manque de protéine est extrêmement rare.

3. Les nutriments

Les nutriments sont généralement tous présents en quantité suffisante dans une alimentation végétarienne équilibrée et variée. En revanche, certains sont à contrôler avec plus d’attention. C’est le cas du fer, surtout chez les filles qui ont leurs règles, du zinc et de certaines vitamines.

– Le fer

Pour le fer, assurez-vous de consommer régulièrement des lentilles, fruits secs, céréales complètes… Aussi, tout comme les protéines, le fer qui ne provient pas de la viande (fer non-héminique) est moins bien assimilé par le corps. Il est alors intéressant de renforcer cette assimilation en le couplant à des aliments riches en vitamine C. A l’inverse, évitez de consommer du thé ou du café proche des repas, ils auront l’effet inverse. « Le calcium se conjugue mal avec le fer. En cas de carence, il vaut mieux prendre le midi riche en fer par exemple et le soir un autre repas riche en calcium », conseille le Dr Senninger. Dernière astuce : faites tremper vos légumes secs ! Ils perdront certaines molécules rendant le fer insoluble.

– Le zinc

Le zinc, principalement présent dans les produits d’origine végétale, joue un rôle important sur la croissance, les fonctions neurologiques et la protection contre les infections. Vous en trouverez dans le pain complet, les oeufs, les légumineuses mais aussi les légumes et fruits secs.

– Les vitamines

Les vitamines A et D doivent être suivies de près lorsque l’on suit un régime végétarien. Pour la première, elle est notamment présente dans les produits d’origine animale (laitages, oeufs) sous forme de rétinol. Mais on la trouvera également sous forme de beta-carotène dans les fruits et légumes (carottes, abricots, légumes vert foncé…). Elle est essentielle pour une bonne vision et une peau en bonne santé.

De son côté, la vitamine D assure un bon moral et une croissance normale, puisqu’elle permet au calcium d’être mieux absorbé au niveau des intestins et de se fixer aux os. Elle est donc très importante pour les enfants. La carence de vitamine D est fréquente, même chez les personnes omnivores. Les champignons, le chocolat noir, les oeufs, les produits laitiers mais surtout le soleil (80 à 90% de la synthèse de la vitamine) seront vos alliés.

 

En tant que parents, votre devoir est d’accompagner votre enfant à s’épanouir mais aussi et surtout à être en bonne santé. Communiquez ensemble pour trouver un équilibre et organiser vos repas si le reste de la famille n’est pas végétarienne. Aussi, n’hésitez pas à vous faire accompagner d’un médecin diététicien et à emmener votre enfant réaliser des prises de sang régulièrement pour s’assurer qu’elle/il ne manque de rien. Ce qui est important, c’est de conserver une alimentation saine et variée. Pour amorcer cette démarche, découvrez de nouvelles recettes avec elle/lui, avec le livre Happy Veggy, ou 50 astuces pour que mon enfant mange des fruits et des légumes par exemple.

Elodie Gindrier

 

* Recommandations journalières pour une personne omnivore : entre 0,8 et 0,9 grammes de protéines par kilogramme de poids de corps.

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