Nous avons parlé dans un article précédent de la candidose, cette maladie liée au développement excessif du candida albicans dans l’intestin. Si vous avez déjà creusé un peu le sujet, vous avez sûrement lu que la solution passait par le fameux régime anti-candida. Ce régime alimentaire très strict interdit le sucre sous toutes ses formes (sucre raffiné ou non, miel, sirop d’érable, etc.), les produits laitiers, les levures et pâtes levées, les champignons ainsi que le gluten. La raison est simple : le candida albicans se nourrit de sucre, il faut donc enlever de son assiette tout aliment qui en contient.
Certes, l’explication est tout à fait rationnelle. C’est pourquoi le régime anti-candida est très souvent la solution des thérapeutes, voire même l’unique solution invoquée — et pour beaucoup d’entre eux il faut également le suivre à la lettre, sans le moindre écart. Sauf qu’en pratique, le régime anti-candida se révèle très difficile à tenir sur le long terme ! Et après le diagnostic médical déplaisant de la candidose, l’annonce d’un tel régime peut donner de belles sueurs froides… Alors, faut-il vraiment s’y tenir ?
Le régime anti-candida, d’accord… mais pas au détriment de sa santé psychologique !
Quand la restriction mène à l’obsession
Le problème avec le régime anti-candida, comme avec n’importe quel autre régime, c’est que des privations trop importantes entraînent très souvent des troubles alimentaires. Il est maintenant bien établi dans la littérature scientifique que la restriction, qu’elle soit physique (la quantité d’aliments ingérée) et/ou cognitive (l’éviction de certaines catégories d’aliments selon des critères spécifiques), développe une frustration puis une obsession pour la nourriture et un rapport compliqué à celle-ci.
Dans le cadre d’une candidose, l’alimentation joue effectivement un rôle important dans l’évolution de la maladie. Le candida albicans responsable de la candidose se nourrit de sucre et se développe dans un milieu humide et acide, par conséquent on ne peut pas faire l’économie d’un rééquilibrage alimentaire si l’on mange régulièrement des sucreries, des desserts, et de manière générale des aliments acidifiants. Cependant, hors intolérances et allergies alimentaires qui nécessitent une attention particulière au contenu de l’assiette, le discours parfois extrémiste de certain(e)s thérapeutes est à relativiser.
Aborder le régime anti-candida avec le bon état d’esprit
Car le problème est bien là : faut-il vraiment s’astreindre à un régime anti-candida drastique, si c’est pour vivre son alimentation comme une bataille quotidienne et être constamment dans la frustration ? N’est-ce pas contre-productif de soigner le corps, si c’est pour y laisser sa santé mentale ? Le régime anti-candida comme unique et universelle solution à la candidose semble être une vision un peu simple, voire simpliste.
Tout d’abord, chaque personne, chaque corps étant différents, il ne peut pas y avoir qu’une seule réponse à la maladie : c’est à chacun d’apprendre à connaître son corps et ses limites, de repérer les aliments bienfaisants ou au contraire délétères, afin de trouver sa solution. Selon la gravité de l’état de santé, la rigueur des ajustements ne sera pas la même non plus : si l’on vit dans la douleur en permanence, avec un candida très installé et un organisme très enflammé, il faudra passer par une alimentation la plus saine, anti-candida et alcalinisante possible, le temps que l’inflammation diminue. Si les symptômes sont vivables, peut-être que l’on peut au contraire adopter un régime alimentaire plus souple. En somme, il serait bon d’individualiser davantage les protocoles de guérison.
Ensuite, développer un regard bienveillant sur la maladie et cultiver un état d’esprit positif sont primordiaux. Notamment, ne pas voir le candida albicans comme un ennemi, ni se mettre en guerre contre lui. S’il est là, c’est que nous en avons eu besoin à un moment, soit pour assimiler un excès de sucre, soit pour éliminer des déchets (toxines, métaux lourds…). D’autre part, si l’on doit mettre la pédale douce sur certains aliments que l’on a tendance à trop consommer et qui nourrissent le candida, apprécions la longue liste des aliments à privilégier pour retrouver la santé plutôt que d’avoir une vision de « manque » focalisée sur ces aliments à éviter.
Avoir une vue d’ensemble, se remémorer son objectif santé : c’est ainsi que l’on va pouvoir préserver sa santé mentale et garder le cap. Ayons donc une approche bienveillante envers notre corps et notre esprit, faisons en douceur les changements dont ils ont besoin et restons à leur écoute pour une guérison à beaucoup plus long terme.
Prendre en compte tous les autres facteurs de la candidose
Si les thérapeutes ont souvent l’habitude de se focaliser uniquement sur l’assiette, apportez un éclairage plus global afin de prendre en compte les différents facteurs d’entretien potentiels de la maladie et, par conséquent, la totalité des leviers à votre disposition pour retrouver la santé.
Faites une petite enquête : la candidose est-elle arrivée dans un contexte de stress intense (le stress est un déclencheur majeur, largement sous-estimé) ? Avez-vous pris des antibiotiques qui auraient pu mettre à mal votre flore intestinale ? Avez-vous des plombages qui induiraient une intoxication aux métaux lourds ? Prenez-vous une contraception hormonale, et si oui avez-vous essayé de l’arrêter pour voir si cela fait une différence ? Enfin, pensez-vous que la maladie révèle un mal-être, une insatisfaction qui vous « pourrit » la vie, une attitude passive qui vous mène à « subir » votre vie ?
La maladie est sans doute multifactorielle, il est donc bon d’explorer toutes les possibilités. D’autant plus que la candidose est parfois elle-même le symptômes d’autres désordres, comme par exemple l’hypothyroïdie qui, en ralentissant le transit intestinal, produit un milieu favorable au candida. Un bilan de santé complet s’impose.
Quelques conseils alimentaires et naturopathiques :
- Au niveau de l’alimentation, bien entendu inspirez-vous du régime anti-candida et ajustez-le en fonction des aliments qui vous conviennent ou non. Nourrissez-vous au maximum d’une alimentation végétale et alcalinisante, fuyez tout ce qui est industriel, cuisinez vos propres repas et préparez vos desserts sains en remplaçant notamment le sucre par du xylitol.
- Parfois, le régime FODMAPS convient mieux à certaines personnes que le régime anti-candida (notamment en cas de SIBO, ou prolifération bactérienne intestinale). D’autre part, d’autres personnes ont guéri “simplement” en recherchant leurs intolérances alimentaires et en évitant les aliments non tolérés. Encore une fois, faites selon vos ressentis et votre intuition !
- Si vous prenez des antifongiques naturels (ail, extrait de pépins de pamplemousse, complexes préparés par des laboratoires…), veillez à rester sur les doses prescrites et à écouter les signaux de votre corps. Il est déjà fragilisé par la maladie, inutile de le malmener avec une dose d’antifongiques qu’il aura du mal à supporter. Le principal risque est d’avoir une réaction d’Herxheimer, dues à toutes les toxines libérées dans le corps lorsque le candida meurt. Vous sentirez alors des lourdeurs après les repas, voire même des nausées, signe que votre foie est engorgé par lesdites toxines. Dans ce cas, drainez votre foie : vous trouverez des ampoules prêtes à l’emploi en pharmacie ou magasin bio à base de desmodium, de chardon-marie ou de radis noir.
Nous vous souhaitons une belle reconnexion à votre corps… et pour aller plus loin, nous vous recommandons l’excellent livre d’Alice Greetham, Anti-candida, qui a une approche très bienveillante de la candidose et propose 75 recettes adaptées ; ainsi que celui de Christopher Vasey, L’Équilibre acido-basique, pour mieux connaître les aliments acidifiants et alcalinisants.
Bonne route !